Bruyante, grouillante, fourmillante… les capitales asiatiques, je commence à en avoir quelques une en rayon, peut être même une certaine « expérience ». Si le bruit, la foule, les cris, tout cela pouvaient presque me sembler anodins, je ne m’attendais vraiment pas à la température qui règne au centre du pays !
Pensez donc, le matin nous étions à Sihanoukville, au bord de la mer.
Si nous y trouvions déjà le climat chaud, nous pouvions toujours profiter de la proximité de la mer pour nous y rafraichir, de l’air marin et de ses bienfaits, mais il est vrai que quelques centaines de kilomètres plus au nord, dans les terres, sans la moindre once de vent et avec une température oscillant entre 40 et 45 degrés Celsius la vie allait être sensiblement différente ! La fréquence de nos lessives aussi soit dit en passant !
Tout avait pourtant bien commencé : après une nuit dans un dortoir où nous avions pu acheter nos billets de bus pour Phnom Penh (au prix modique de 3 USD par personne a la Sakal Guesthouse) nous nous retrouvions à 7 h du matin à attendre notre bus.
Et quel bus, un vrai bus cambodgien, un bus « local » (qui dit local, dit peu cher…), celui que nous cherchions depuis le début de notre voyage, rempli seulement de Cambodgiens, un de ceux qui ne démarrent qu’à coups de marteau, dont certaines fenêtres sont scotchées pour pouvoir tenir en place, et qui sur l’unique télévision diffuse Rambo 2, entièrement en Khmer !!! Oui, oui, entendre ce parangon de violence s’exprimer avec une voix si douce et haut perchée, voilà qui avait de quoi nous donner le sourire !
Et si en plus, vous pouviez imaginer les fameuses « pauses pipi » :
Le bus s’arrête au milieu de nulle part, tout le monde descend en trottinant du bus, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, pantalons ou jupes… Une trentaine de personnes dans la nature, chacun choisissant son arbre — ou son caillou pour les plus jeunes — ne fixant rien d’autre que cette écorce devenue subitement si intéressante et s’adonnant donc à la joie simple de satisfaire ses besoins naturels en pleine nature, folklorique !
Je vous le disais, un voyage amusant, dépaysant, un bus climatisé et glacial… Pour une arrivée par 40 degrés, à travers un énorme brouillard de pollution (l’expression chape de plomb prend ici tout son sens), voilà qui avait de quoi nous surprendre.
Mais n’oublions pas les raisons qui nous ont poussés à venir si rapidement sur Phnom Penh : la recherche de soin pour votre serviteur. Tout le monde me l’avait dit, ne tombe pas malade au Cambodge, ne t’y fais pas de bobo, jamais !… Et me voici en train de vérifier avec mon assurance santé quelle est ma couverture a l’internationale, quels sont mes droits. Si en France cette opération est assez aisée, a l’autre bout du monde et dans « l’urgence » voilà qui la rend sensiblement plus compliquée !
Heureusement pour moi un pharmacien cambodgien parlant français, quelques placebos et du repos viendront aisément à bout de mes tracas.
Si donc tout ne va pas encore pour le mieux, mais que je sais être sur la voix de la rémission, profitons-en pour visiter cette ville (en douceur) et surtout trouver l’ambassade de Thaïlande pour nous faire faire des visas, en effet, escomptant rentrer par la frontière terrestre nous n’aurions le droit de ne rester que deux petites semaines, là ou un visa nous autorise 60 jours. De plus, si un passeport français vous permet de voyager librement — sans visa — dans 172 pays, pas mal hein ! Néanmoins, sachez que Sacha et son passeport d’urgence doivent eux avoir un Visa, quel que soit le pays où ils veulent se rendre… pas facile et onéreux !
En attendant nos visas nous aurons l’occasion de découvrir le musée national (5 USD, ouvert de 9 h a 17 h) regroupant des œuvres s’étendant de la préhistoire a l’empire khmer.
Une exposition temporaire sur l’art et la manière du tissage de la soie.
De flâner dans la cour intérieure de ce musée, profiter du jardin et surtout en en sortant de tomber sur un tournage de film par la télévision nationale cambodgienne : « Silence, Action, ça tourne »
Les différents marchés:
Le marché central (Psar Thmei), gigantesque, prenez donc le temps de vous y égarer, d’y flâner et surtout d’y admirer son immense dôme central.
Le marché russe (Psar O Russei), et ses mille et une merveille culinaire, à sentir, à goûter et à savourer… Et peut être même, qui sait, avoir la chance d’y découvrir au fond d’un emballage en feuille de palme, savamment pliée, un nid de cafards et voir d’un coup la maisonnée se réveiller et courir en tous sens… bon appétit !
Se baguenauder dans les différents quartiers de la ville, s’y égarer et s’y retrouver, s’aventurer au fond d’une impasse, découvrir un jardin cache, un lieu inconnu, prendre le temps de marcher, manger, partager…
Vous pourrez aussi si le cœur vous en dit visiter Tuol Slang, ou autrefois appelé S21, ancien lycée reconverti en camp de concentration et de torture sous la dictature Khmère rouge. Vu notre état en sortant du « war museum » à Saigon, c’est une « visite » que nous avons délibérément mise de cote.
Les voilà, ils sont la, beaux et brillants, nos visas thaïlandais, alors vite vite vite, quittons la ville et le bruit, c’est la fin d’après-midi, ne voulant pas rester une nuit de plus ici nous comparons les bus de nuits, leurs horaires et destinations. La grande question qui nous agite et de savoir si nous passerons par le nord ou le sud du Tonlé Sap, le lac central, celui qui rythme la vie du Cambodge, celui qui selon les saisons peut voir sa surface tripler. Celui où nous pourrons apercevoir des villages flottants et d’autres sur pilotis, à coups sûr une découverte a faire !

Ainsi, notre choix s’arrête sur Battambang, nous prendrons donc la voie Sud.
Si un ticket de bus en journée coûte 8 USD, celui en night bus 10 et celui en hôtel bus 15.
15 ? Oui, 15 USD, enfin jusqu’à ce que cherchant des timbres, je rentre dans une officine (rue 172) et y trouve un billet d’hôtel bus a 10 USD, a ce prix, il serait dommage de s’en priver ! Nous voyagerons donc comme des rois.
Mais un hôtel bus, qu’est ce que c’est ?
Simple, prenez un bus et mettez y des lits superposes, des oreillers et des couvertures, une télévision et un accès Wifi, le grand luxe n’est il pas !? Vous voici parti pour la nuit.
Je tiens néanmoins à modérer votre enthousiasme, ce sont certes des lits doubles, mais qui font pile-poil ma taille (1m79), le dessus du crâne appuyant donc sur une cloison pendant que les pieds, a plats, reposent de l’autre cote. Quant a la largeur, il semble que le gabarit des épaules de Sacha ainsi que les miennes soit le maximum accepte… ce fut donc une nuit, certes reposante, mais plutôt immobile.
Nous y voici, après 7 heures de bus, dès potron-minet nous débarquons a Battambang. Deux choses a savoir quand vous voyagez en hôtel bus, d’une part ces bus faisant souvent du fret, leurs soutes sont pleines et vos sacs seront simplement déposés dans l’allée centrale, tout le monde donc marchera joyeusement dessus, pensez donc a ne rien y laisser de fragile (ordinateur, appareil photo…).
D’autre part, étant donné que vous voyagez dans le « summum du luxe cambodgien » attendez vous lors de votre arrivée a vous faire assaillir par des hordes de chauffeurs de Tuk-Tuk avant même d’avoir mis un pied en dehors du bus.
Battambang ?
1 USD par personne en Tuk Tuk pour vous rendre de la station de bus distante de 3 kilomètres du centre de la ville.
2 USD par personne la nuit en chambre double, au dernier étage du Royal Hotel, soit 4 USD par nuit pour nous deux, l’hôtel le moins cher où nous résiderons durant toutes nos vacances. Sachez aussi que celui-ci dispose d’un jacuzzi, gratuit pour les clients de l’hôtel bien évidemment. Faites le calcul, 2 USD pour dormir et profiter du jacuzzi, jackpot !
5 USD par jour au Gecko-Bar le long de la rivière pour louer un scooter manuel (le moins cher que nous ayons trouve en ville).
0,5 USD le repas de midi dans les bouis-bouis de rues !
Vous allez adorer Battambang !
Alors, qu’y faire aux alentours ?
Lors d’une de nos étapes précédentes, nous avions rencontré une nana dont la passion était : Roulement de tambours… les chauves-souris ! Et il se trouve qu’au sud-ouest de Battambang se trouve la « bat cave » ainsi que des millions de chauves-souris, promis, je n’exagère pas le nombre. Dans la vidéo que vous allez voie ci-après, nous assistons a leurs envols nocturnes pour aller chasser. Si la vidéo ne dure que 30 secondes, nous restâmes plus de 30 minutes…. impressionnant !!
Il y a autour du site, quelques temples et grottes à visiter, gratuit pour ceux-là.
Au nord et au sud de la ville, vous pourrez découvrir vos premiers temples khmers, manière de vous mettre en jambe avant Angkor Vat… Ceux-ci seront par contre payants, de l’ordre de 1 à 3 USD.
À l’est vous attend le bambou train. Qu’est-ce donc ? Ni plus ni moins qu’une ancienne voie de chemin de fer sur laquelle circulent des wagonnets entièrement en bambou (hormis les essieux, je vous vois venir) mus par des petits moteurs thermiques, la balade dure une demie-heure et vous emmènera à travers forêts et champs, il parait que c’est à faire.

Nos quelques jours ici furent des plus agréables, entre les balades en scooter pour nous couvrir de poussières et le jacuzzi pour nous en débarrasser, nous avions tout ce qui pouvait seoir à notre plaisir.
Hélas, il nous fallait bien continuer notre périple, nous nous mîmes donc en recherche du moyen de transport pour nous rendre à Siem Réap.
20 USD et 8 heures de transport par bateau.
4 USD et 3 heures en bus (continental bus, vous pouvez réserver les tickets directement a la station de bus).
Bien qu’ayant fortement envie de faire ce chemin par voie fluviale, en raison du prix nous choisîmes le bus. Sachez que si c’était a refaire et après en avoir vu des photos, je choisirai sans hésitations aucunes de le faire en bateau. Eh oui, parfois le voyage délie les bourses et nous apprend à nous faire plaisir, ou serait-ce les photos que j’en ai vues ?…
Autre chose, nous sommes d’accord, je suis au Cambodge et pourtant je ne parle que de prix en USD (Dollars américains), une idée du pourquoi ?
Simple (ou pas), ici, quand vous achetez de l’argent au distributeur ce seront des USD que vous aurez. Pourtant la monnaie du pays est bien le Riel, celle-ci vous servira simplement de centimes, en effet il n’y a pas de pièces au Cambodge.
4000 Riels faisant 1 USD, si vous devez payer 0,5 USD vous donnerez donc 2000 riels.
Comme si je n’avais déjà pas assez eu de monnaies et de taux de changes différents en tête, voilà donc que maintenant au sein d’un même pays je dois jongler avec deux monnaies, diantre !
Imaginez un peu quand on vous demande de payer 40 USD et que vous payez avec un billet de 100, vous pouvez très bien avoir en monnaie rendue :
deux billets de 10 USD
quatre billets de 20 000 Riel (soit 20 USD)
deux billets de 10 000 Riel (soit 5 USD)
un billet de 5 USD
quatre billets de 5 000 Riel (5 USD)
deux billets de 1 USD
douze billets de 1000 Riel (3 USD)
Certes, vous n’aurez jamais personne qui vous rendra votre monnaie de manière aussi farfelue, par contre votre porte-monnaie, lui, sera surement dans ce genre de situation… bonne chance ! 🙂