Vinh-Long, vous connaissiez ? Nous non plus, après avoir regardé sur une carte les différentes destinations possibles pour nous rapprocher du delta du Mékong, nous choisîmes la ville qui avait l’air la plus petite, la plus insignifiante, la plus perdue… et nous y allâmes.
Bienvenue donc à Vinh-Long, toujours un peu plus vers le sud, nous rapprochant inexorablement de la frontière avec le Cambodge, mais sans oublier de prendre le temps de nous balader et de rencontrer.
Si Vinh Long est connue pour son marché de fruits et de légumes, pour être la capitale de la région éponyme, pour nous son importante résidait dans le fait de se trouver au bord du Co Chien, un des bras du Mékong… hé hé hé, nous voulions voir de quoi avait l’air ce fameux delta. Mais d’ailleurs, qui dit delta, dit îles, méandres, et recoins, soit pleins de petits endroits à aller explorer… tachons d’en savoir davantage !
Une fin d’après-midi sur place, le temps de s’y balader, s’enivrer de l’atmosphère de cette ville de province, déambuler dans le marché, déguster de nouveaux plats, de nouvelles saveurs, en retrouver certain, comme le Boom kya yoa (une salade de pâte à consommer froide, baignant dans une sauce indéterminée, saupoudrée de cacahuètes et de nems hachés, un régal au petit déjeuner). Trouver un scooter à louer pour notre exploration future. Acheter un smartphone pour Sacha après avoir fait les boutiques de la ville, et arrêter son choix sur un téléphone de marque française n’est-ce pas le comble à l’autre bout du monde ? S’émerveiller devant la grand-place remplie de cerfs-volants. Ici, cela semble être un des passe-temps les plus courants, à pratiquer en famille, quand le soleil décline, que la température se fait plus clémente et que la journée de travail s’efface derrière les sourires et les rires des enfants. En voir des centaines dans le ciel, tous relié par un simple fil de coton, est vraiment très impressionnant !
Au nord donc se trouve Cai Be et son marché flottant, petite ville de campagne, notre objectif de la journée.
Pour y parvenir ?
Soit 50 kilomètres en moto (rien que l’aller) sur une route nationale remplie de camions, soit un bac, une île, un bac une île, un bac et hop case destination finale atteinte ! Sous réserve bien sûr que tous les bacs fonctionnent, que nous retrouvions notre chemin et que le grand Mékong nous aide…

Cela s’est à peu près passé sous les meilleurs hospices, après un premier bac au prix ridiculement bas de 3000 dôngs pour notre passage ainsi que celui de notre monture, nous avons exploré l’île dans ses moindres recoins, où devrais je dire plutôt : nous nous sommes perdus dans ses moindres recoins… rire ! Ici, tout est fait pour la quiétude, le calme et le repos, rien que la taille et l’état des « sentiers » nous forcent à prendre le temps, à rouler doucement. Le fait aussi qu’ici nous sommes sur un terrain de jeu géant pour les enfants, ceux-ci peuvent débouler à tous moments, tapis en embuscade derrière un arbre prêt à nous sauter dessus pour nous extorquer des « hello hello » !
Si vous avez le temps et l’occasion, prenez-le pour découvrir ces quelques îles, ce fut vraiment une après-midi on ne peut plus agréable : découvrir après avoir roulé pendant 10 minutes sur une piste de sable une maison dans un jardin d’éden, ne plus avoir l’envie d’en partir, boire sur la place du village (5 maisons rassemblées) des cafés glacés (en attendant que le soleil soit moins violent) avec un petit vieux hilare nous racontant des histoires abracadabrantesque et incompréhensible. Laisser le GPS à mon pilote pour que celui-ci me guide jusqu’au prochain bac… pour se rendre compte une fois arrivé que nous ne sommes pas au bon, et qu’il nous faudra de celui-ci traverser encore une île et prendre un autre bac, essayons, c’est l’aventure.
Nous y voici, enfin, après quelques culs-de-sac, des cafés glacés, un ou deux coups de soleil, 3 litres d’eau, 4 bacs pour traverser autant de méandres, Cai Be, destination de la journée.
Nous y visiterons marché et église, prendrons le temps de goûter les « viennoiseries » locales, c’est que ça creuse les aventures ! Et déjà nous nous remettons en route, nous avons rendez-vous avec le couché du soleil, tout en haut d’un immense pont, ça serait dommage de rater ce panorama !
Panorama bruyant, étouffant et où le seul moyen de s’arrêter et de gérer la circulation, nous n’y resterons que le strict nécessaire, les cerfs volants de Vinh long, déjà nous appellent !
Notre but maintenant, nous rapprocher de la mer.
Alors, cherchons des bus pour. Le lendemain matin il y en a un qui part pour Sa Dec, de là nous pourrons prendre un bus pour Rach Gai puis Ha tien, vielle frontière.
Aussitôt dits aussitôt faits, nous voici le lendemain, dans notre bus nous emmenant pour Sa Dec, arrivant à Sa Dec et en repartant aussi sec pour Vinh Long…. Pour Vinh Long ?! Mince, on court, on s’active, on explique au chauffeur notre mésentente et nous voici tout de go débarqués en périphérie de la ville. Marchons jusqu’à l’arrêt de bus en centre-ville pour nous renseigner sur les bus à destination de Rach Gai… Ah non, erreur, nous n’aurions pas dû. Là où le chauffeur du bus nous a déposés par erreur, juste à côté se trouver la gare de bus. Et bien rebelote, marchons encore, dans l’autre sens, nous la connaîtrons cette rue principale ! Pour finalement apprendre que des bus à destination de Ha-Tien, il n’y en a qu’un par jour, à 6 h du matin. Cette ville me rendra fou !
Nous voici donc à la recherche d’un hôtel, bloqué pour la nuit à Sa Dec. Mais comme à tout malheur sa part de bonheur, nous avons l’après-midi pour explorer la ville… Sa Dec, pour les plus érudits d’entre vous, une idée ? Quelle écrivaine célèbre y a vécu ? Vous l’avez ? Un indice ? Une histoire d’amour, une jeune femme et un riche chinois, un amant…
Marguerite Duras bien évidemment, nous voici sur ses pas, entre « l’amant » et « l’amant de la chine du nord » nous déambulons dans la ville à la recherche de ses traces, des souvenirs que nous pourrions y découvrir, des images et fantasmes que nous nous sommes faits à la lecture de ses ouvrages.
Sa Dec, une halte impromptue, mais agréable, profitons des derniers instants de soleils, ceux où les cerfs-volants laisserons bientôt la place aux Étoiles, régalons-nous des dernières images et odeurs de cette ville, demain nous devons être devant le bus à 5 h 45.
Ainsi, un premier bus matinal pour Rach Gai, 5 heures de transport, de là, cherchons notre prochain bus pour Ha-Tien, de l’autre côté de la ville ? 10 kilomètres et un départ dans 30 minutes ! Mince. Filons en moto-taxi, sautons dans ce nouveau bus, roulons encore 3 heures. Et voilà, 14 h 30, en plein cagnard, nous sommes arrivés à Ha-Tien, enfin presque, plus que quelques kilomètres pour nous rendre jusqu’au centre-ville ! Moto taxi ou marche, entre les deux notre cœur balance…
La suite ? Demain, le Cambodge !
Mais avant, j’ai quelques petites choses à vous dire, qui me traine sur le coeur depuis un certain temps :
Écrire, ce n’est pas toujours facile, le processus à mettre en place est souvent difficile, astreignant, il est aisé de s’y perdre, d’accoucher d’un mélo, illisible et ennuyeux
Vous garder attentifs et avide est un vrai défi ! Trouver le juste milieu entre romance et écriture purement factuelle aussi.
Mais alors ici, au Vietnam, c’est l’angoisse, l’horreur, je suis perdu, je ne savais pas quoi écrire, par où commencer, impossible de trouver ce fil rouge qui m’aide à tout démêler.
Bientôt 6 mois que moi et mon sac à dos voyageons de concert, heureux et souriant. Bientôt 6 mois que je découvre, explore, quel délice !
Mais voilà, ici, j’ai pris une claque. Une sacrèrent grosse même ! Rassurez vous, pas du genre mauvaise rencontre, mais du genre de celle qui ne vous laisse pas indemne, qui vous retourne, vous chamboule, vous malaxe et vous régurgite, toujours vous mais un un peu different.
Vraiment, je ne sais pas par où commencer, ce pays, c’est un peu mon coup de coeur, celui où j’aimerais revenir, passer plus de temps.
Cette langue, si folle, chantante, incompréhensible, aux sons qui s’envolent, qui rebondissent sur les murs et parois. Comme le goutte à goutte de l’eau, qui s’écoule, qui joue, qui roule, j’adore !
La nourriture, un régal ! Tellement de choses dont on ignore le nom et la composition, manger ici relève autant du défi que du jeu. Que vais je avoir dans mon assiette ? arriverais à identifier ce que je mange? la recette ? la manière de le préparer ? Les échoppes de rues et leurs mille spécialités, et cette ambiance si particulière, amicale, qui sournoisement s’instille en vous et vous empêche de partir, heureux et rassasié !
Les vietnamiens, des vietnamiens partout ! Un peuple froid ? Mon Oeil ! tout au fonde mon oeil, au fond du fond même ! ou alors nous fûmes extrêmement chanceux et vous au moins autant malchanceux ! Des sourires partout, comme s’il en pleuvait, des enfants qui courent toutes dents dehors, qui rigolent et nous crient « hello », qui explosent de rire quand on leur répond en vietnamien. Des adultes qui nous aident, personnes ne se comprends, les réponses et leurs contraires fusent, nous ne savons que faire, qu’importe, nous sourions, heureux, et eux encore plus !
Voilà, demain je passe la frontière, je change de pays, je m’en vais. Mais je n’ai qu’une envie, y revenir… Vite vite vite et pour longtemps !