de Saül à…

Adaptabilité… on me le ressortira ce mot! Et pourtant en mer, c’est un des plus importants, alors dans la foret Amazonienne, à n’en pas douter il tient aussi une place de choix.
Nous cherchions une grande expédition à faire.
Facile, la Guyane en regorge…
Notre seule certitude, un point de départ: Saül.

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D’ailleurs Saül, qu’est-ce et où?
Un peu d’histoire …
Auparavant parcourues par les Indiens Emérillons, les régions du haut Approuague et de Saül ont été à la fin du XIXe siècle l’objet d’une véritable ruée vers l’or. Entre 1910 et 1930, la population d’orpailleurs croît fortement dans cette région. De nombreux émigrés des îles antillaises de Sainte Lucie et de la Dominique viennent tenter leur chance dans l’or. Le village de Saül naît ainsi en 1910 suite à l’installation d’un émigré saint-lucien, du nom de Sahul, sur le site de l’actuel village. Dès lors, des projets de désenclavement de Saül vont fleurir afin de rendre l’or plus accessible

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le petit point en bas à gauche, perdu dans tout ce vert, Saül

En 1952, la piste de Bélizon à Saül (150 km) est ouverte par le Bureau Minier Guyanais (organisme dont est issu l’actuel BRGM) dans le but d’évaluer la richesse des nombreux gîtes aurifères repérés dans cette région. Les espoirs miniers de la zone s’éteindront cependant rapidement. L’épuisement des gisements les plus faciles et fertile combiné à la chute du prix de l’or eurent raison des coûts d’entretien exorbitants de la piste. Dès les années 1960, elle était laissée à l’abandon. Aujourd’hui, sa trace n’est plus parcourue que très occasionnellement par des randonneurs, et peut-être plus fréquemment par des orpailleurs à pied ou à pelleteuse.

 

Certes Saül, c’est loin vu de Cayenne et seul l’avion peut nous y amener. 40 minutes de vol, mais combien de temps pour un retour par nos propres moyens?

Car oui, ces informations glanées sur internet et par le bouche-à-oreille nous ont décidés, une idée de grand projet? Relier Saül à Cayenene en VTT, une dizaine de jours dans la forêt, 150 kilomètres en autonomie complète. La classe!

Parcours

Entrainements, longue sortie en vélo, course à pied, tests de matériels, recherches de moyens logistiques, nous nous attelons 3 semaines avant à notre préparation… Mais survient rapidement un problème et de taille: le matériel, nos vélos sont vieux et usés, pas de sacoches, seulement des sacs à dos… on s’interroge sur le coup financier d’un projet tel que celui-ci… (au regard de l’équipement de ces personnes: http://cproisy.free.fr/VTT/indexVTT.htm)

Réflexion, échange, discussion. Un ami Saramaca, orpailleur, cuisinier, homme à tout faire et amoureux de la nature nous proposent une alternative, à pieds cette fois-ci, ce qui est plus dans nos cordes:
Relier Saül à Maripasoula, puis de là descendre le Maroni en pirogue. Une aventure en valant bien une autre, celle-ci nous semblant fantastique, nous changeons derechef notre fusil d’épaule.Capture d’écran 2015-11-07 à 19.54.45

Saul-Maripasoula c’est donc 90 kilomètres topographiques (à vol d’oiseau) au moins 130 kilomètres en effectif (réel), une avancée estimée de 5 à 20 kilomètres par jours selon le type de terrains.

Mais donc, place à la préparation,

La nourriture: si résoudre le problème de 15 jours d’autonomie peut paraitre facile en métropole, en Guyane, ça l’est moins. Au final, notre alimentation de base sera le couac (farine de manioc). Couac au thon, couac sardine, couac maquereau… nous arriverons à élever le couac à des délices culinaires. Poudre de noix de coco, sachets d’épices, citrons… permettront de l’accommoder de la meilleure des manières.


Nous trouverons des plats déshydratés qui feront notre régal, des barres de céréales et surtout grâce au foyer de la légion une sorte de viande séchée à base de protéine de soja (ils sont fort ces légionnaires!). Mais attention tout cela en passant son temps à peser en magasin le poids des choses et à comparer l’apport énergétique en fonction du poids, c’est qu’il nous faut voyager léger!

La sécurité: On ne le répétera jamais assez, des cartes papiers, rien de mieux, toujours avoir avec sois des cartes. Mais si l’IGN à bien des cartes topographiques de Guyane elles ne sont pas toutes éditées! Que ce soit en Guyane en métropole ou par internet, impossible d’entrer en leurs possessions. Une seule solution, laborieuse,  faire des captures d’écrans des zones qui nous intéressent, les imprimer, puis les plastifier! (Oui, quand on aime on ne compte pas!)

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En plus de cela, un téléphone satellite nous permettra de joindre en cas de problèmes nos proches. Aide toute relative puisque personne ne viendra nous chercher, on nous l’a bien répété. Mais c’est mieux de se quitter en bons termes, alors…

Pour l’aspect médical, nous avons croisé les conseils d’un médecin, d’un pharmacien et d’une infirmière, tout cela pour aboutir à une trousse à pharmacie parfaite pour nous. Petite, légère, mais complète. Et surtout à une liste « d’actions d’urgence ». Piqure de grage, infection de plaies, accès paludique, présence de tiques (certains jours nous en aurons une dizaine à retirer sur nous), ampoules diverses, et surtout « moisissures » car tout est mouillé, tout le temps, chaque matin nous remettons les chaussettes de la veille, lavée, essorée, mais toujours humide, tout comme les chaussures, la Guyane ça mouille, les pieds se creusent…

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Mais nous avons aussi eu des séances « points de sutures » sur des cuisses de poulet, il faut bien apprendre à se débrouiller.

Et si jamais nous mettions plus de temps, comment nous nourrir?
En Guyane il existe un droit coutumier, tout le monde, sans permis ni licence de chasse peut acheter un fusil, achetons donc un fusil pour chasser!
Direction une de nos sources d’informations et de conseils, Florent.

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Achat donc d’un calibre 22, 1,5kg, carabine minimaliste, parfaite pour emporter dans la jungle et chasser du petit gibier. Un passage par le stand de tir pour apprendre à la régler et à tirer avec. Entourés de grands légionnaires goguenards aux armes surdimensionnées qui nous voient sortir notre « jouet » de notre sac, la séance fut intéressante. Après quelques entrainements sur la plage, nous arrivons parfois à mettre dans le mille à 25 mètres.

L’eau? Ce n’est pas un problème, il y en a partout, nous sommes quand même dans la forêt amazonienne! Entre les criques et le bois canon dont il suffit d’entailler le tronc pour boire…

Donc, où en somme nous, que nous manque-t-il dans notre préparation?
Nous avons fait la course au poids superflu, nous baladant partout avec notre balance avant d’acheter, découpant quand nous pouvions, poussant même le vice:thumb_IMG_1076_1024

Pour enfin avoir nos sacs, tous les deux, prêts. 17 kilos sur la balance. Lourd.

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Reste à trouver la tenue parfaite pour la forêt

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La moustache ou le pagne pour se fondre dans la forêt? Nous ne retiendrons aucun des deux, mais avons eu le mérite d’essayer!

Les renseignements humains, partie la plus importante, nous avons passé des heures à discuter avec un lieutenant de la Légion étrangère revenant de la région, eh oui, apparemment une grosse opération anti orpaillage est en cours, et ce depuis 3 mois. Voyons le bon côté des choses, 150 légionnaires dans la forêt. Le mauvais? Les clandestins n’ont plus rien, ils leur ont tout pris!
Mais celui-ci nous fut de bon conseil sur la pharmacie, le matériel, quelques adresses et choses à ne surtout pas faire.
Nous décidons donc de commencer à apprendre le brésilien, ou tout du moins les mots de base, en prévoyance d’une rencontre avec des orpailleurs illégaux. Lui nous déconseille d’effectuer ce périple, jugeant la chose potentiellement accidentogène. À méditer.
Quelques échanges de courriels avec des guides officiants dans la région, des allers-retours au PAG (Parc Amazonien de Guyane) qui ont en charge la zone autour de Saül, même sons de cloche. Faîtes gaffe les gars.
Nous décidons de partir quand même, nous avions de toute façon prévu quelques jours de randonnée sur place avec Bérénice.

Mercredi matin: départ pour Saül, décollage à 8h, fusil, machette, munition, la législation et son application sont plutôt légère ici!

Mais par contre, la présence de militaire sur place est forte, beaucoup de légionnaires, des gendarmes, des hélicoptères de combat, des avions de ravitaillements… il y en a du trafic ici!
C’est parti pour quelques jours de randonnées en famille, histoire de se mettre dans le bain

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Une pluie diluvienne, des bâche smal installées (on en apprend tous les jours), des singes hurleurs, des tiques, des toucans, ces quelques jours furent rythmés, mais usant et surtout riche de nouveaux renseignements pour nous.

En effet, malgré le début de la saison des pluies, le niveau des criques est anormalement bas, les orpailleurs ont donc énormément de mal à se réapprovisionner, ajoutons à cela une forte présence militaire depuis quelques mois et vous obtiendrez des orpailleurs exsangues qui verront comme une arrivée providentielle celle de deux touristes dans la forêt, chargés de nourriture et de bonnes intentions.
Si nous pouvions mettre en doute à Cayenne ou à Kourou les conseils et mise en garde des personnes que nous rencontrions, une fois sur place, nous avions directement accès à l’information la plus précise possible, à chaud. Et pour le coup tout le monde était unanime, ne le faites pas.
Devant tant de mise en garde et surtout commençant peut être à mesurer l’ampleur et les risques de la chose, nous décidâmes d’annuler.
Satanée saison des pluies en retard, quelques mois plus tard et tout aurait été parfait… qu’avais je dit plus haut? Adaptabilité…
En route alors pour le layon Carbet Maïs, cap à l’Est.

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Une promenade de santé? Que nenni, nous avons compté au retour 23 gros chablis (à contourner pendant un certain temps) une quarantaine de petit chablis (ou à force de reptation nous passion à travers) et 2 maxi-chablis (20 minutes, furent nécessaire pour les contourner), 34 troncs à franchir pour traverser des rivières et un nombre incalculable de coups de machettes pour avancer dans cet environnement inextricable! Pour un total de 37,3 kilomètres.

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Mais à l’arrivée, quelle récompense, un saut magnifique, l’impression d’arriver dans l’Eden, seul, au milieu de nulle part, dans la nature la plus pure, un régal!

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